Voilà longtemps que je n’avais pas fait un road trip avec mon frère. Mais étant donné qu’il vient de perdre son permis, et en attendant qu’il le récupère, il dépend de son entourage lorsqu’il doit se déplacer. La semaine dernière, il devait se rendre au Mont-Saint-Michel pour y effectuer un vol en avion de chasse. Et il était hors de question de ne pas l’aider, dans la mesure où c’était moi qui lui avait offert ce cadeau ! C’est toujours un plaisir de revenir dans la région de son enfance. Alors, tandis que mon frère passait la matinée à l’aéroport puis en plein ciel, je me suis rendu dans mon lieu favori. Les touristes réduisent souvent le coin au Mont-Saint-Michel, et c’est très bien ainsi. De cette manière, ils s’entassent dans les ruelles, les boutiques souvenirs, et les restaurants de mauvaise qualité qu’on y trouve… et laissent intacts mon endroit préféré ! Aux environs du Mont-Saint-Michel, on trouve en effet un site unique, caché dans la campagne verdoyante près de Bazouges-la-Pérouse : le jardin de La Ballue. Dans une suite de treize surprises, le jardin classé « remarquable » égrène des visions maniéristes du paysage : une composition contemporaine inspirée par le style baroque du XVIe siècle. Ainsi, La Ballue propose un parcours fait de labyrinthe, d’allées, de perspectives tronquées, de chambres de verdure asymétriques. L’insolite y côtoie le familier, la géométrie flirte avec le mystère. On ne se lasse pas de le parcourir. Les harmonies de couleurs restent volontairement sobres, en noir, blanc et vert, avec des jeux d’ombre et de lumière. Sur la terrasse à la française, le dessin des parterres, en triangles ponctués d’arbres taillés en boule ou en vague, frappe d’emblée le regard. L’art des bosquets se décline sous diverses formes : bosquets de fougères, de senteurs, de musique… Au printemps, on tombe en arrêt sur une longue allée de glycines faite d’un double alignement d’ifs où s’accrochent des pieds de glycine. Mais le jardin reste une belle surprise, quelle que soit la saison. Le château de La Ballue, érigé en 1620, a toujours été un lieu de séjour apprécié par les artistes et les écrivains. Aujourd’hui, il accueille des sculptures contemporaines et un festival de musique en été. La demeure tout comme le jardin sont classés « monuments historiques ». Ce jardin « secret » a toujours eu le don de m’apaiser, et c’est avec sérénité que je l’ai quitté. Vous imaginez alors sans peine le choc auditif que ce fut de retrouver mon frère, qui ressortait à peine de l’appareil et parlait de manière ininterrompue, encore chargé d’adrénaline… Suivez le lien pour en savoir plus sur ce baptême en avion de chasse.